ALFREDO MANTOVANO
SOTTOSEGRETARIO DI STATO
MINISTERO DELL'INTERNO

 


Interventi sulla stampa

 

Articolo pubblicato su Liberation
(Sezione: Monde       Pag.    )
Martedì 5 ottobre 2004

 

Face à l'afflux d'immigrés sur ses côtes, Rome organise des charters vers la Libye.

 

 Rapatriements expéditifs pour les clandestins en Italie

 


 

Rome de notre correspondant

Une douzaine de vols en quatre jours. C'est désormais un véritable pont aérien de charters qui rapatrient, immédiatement après leur débarquement sur les côtes italiennes, les immigrés clandestins vers la Libye, leur lieu de départ supposé. Et il y a aussi la vente de matériel militaire au colonel Muammar Kadhafi pour surveiller les frontières et le projet d'installation de centres de rétention directement en Libye... L'Italie a, depuis quelques semaines, entrepris de durcir sa politique de lutte contre l'immigration clandestine. «Nous réduirons à zéro le nombre de débarquements», avait proclamé, le 26 septembre, le ministre de l'Intérieur, Giuseppe Pisanu, de retour d'un voyage à Syrte. Avec, pour l'heure, des résultats inverses de l'effet escompté. En effet, depuis quelques jours, les arrivées de clandestins sur la petite île de Lampedusa, au sud de la Sicile, se multiplient.

Naufrage. Dimanche soir, une embarcation avec à son bord soixante-quinze personnes (en majorité des Marocains) a coulé au large des côtes tunisiennes. Seules onze d'entre elles ont pu être récupérées et vingt-deux corps ont depuis été repêchés. «Les organisations criminelles s'activent au maximum pour faire passer les clandestins avant que notre plan ne devienne opérationnel», avait déclaré, avant le drame de dimanche, le sous-secrétaire d'Etat à l'Intérieur, Alfredo Mantovano.

Depuis mercredi dernier, profitant d'une météo clémente, pas moins de 2 600 clandestins sont arrivés à bord de navires de fortune sur la petite île appréciée des touristes, aux confins méridionaux de l'Europe. Le «centre d'accueil» prévu pour héberger un maximum de 190 personnes ne peut faire face à cette vague sans précédent. En réponse, le gouvernement italien a décidé d'affréter des avions pour renvoyer les immigrés de l'autre côté de la Méditerranée. «C'est la même procédure que l'Italie avait adoptée il y a quelques années avec l'Albanie», fait-on remarquer dans l'entourage de Giuseppe Pisanu où l'on assume le côté médiatique de l'opération : «Assez rapidement, on obtient un effet dissuasif.»

Désespérés. Dès vendredi, un premier charter, avec 90 personnes à bord, a ainsi décollé pour Tripoli. Samedi, trois autres appareils sont partis pour la Libye afin d'y ramener près de 300 clandestins. Et les rapatriements expéditifs continuent. Au total, en quatre jours, près de 600 personnes ont été renvoyées en Libye. «Nous continuerons sur cette ligne», a annoncé dimanche Giuseppe Pisanu. «Les désespérés qui pensent encore pouvoir s'embarquer illégalement vers l'Italie doivent savoir qu'ils seront renvoyés vers les lieux de départ aussitôt après avoir reçu les secours humanitaires», a ajouté le ministre de l'Intérieur qui a assuré que la mesure ne concernait pas les réfugiés politiques : «Nous accordons protection à ceux qui peuvent prétendre au droit d'asile.»

Ce que contestent fortement Amnesty International, Msf, diverses autres organisations humanitaires et l'opposition italienne qui dénonce «des expulsions collectives interdites par les traités internationaux dont l'Italie est signataire». L'indignation est d'autant plus forte que Tripoli n'est pas signataire des conventions de Genève sur le droit d'asile et la protection des réfugiés. En outre, comme le souligne l'opposition, les clandestins n'auraient «pas le temps de présenter des demandes d'asile». Même le ministre (Alliance nationale) pour les Italiens de l'étranger, Mirko Tremaglia, a émis des doutes sur ces rapatriements «trop rapides» : «Sommes-nous seulement sûrs que toutes ces embarcations proviennent vraiment de Libye ? Avons-nous le temps de vérifier ?»

Matériel militaire. Pour l'heure, le gouvernement Berlusconi, qui a fait de la lutte contre l'immigration l'un des points cardinaux de son action, n'entend pas infléchir sa politique. Et il veut mettre en oeuvre le plan concerté avec la Libye où seraient entassés des centaines de milliers d'Africains candidats au départ pour l'Europe via Lampedusa. Après avoir obtenu, fin septembre, de la part de l'Union européenne la levée de l'embargo contre Tripoli, l'Italie est prête à fournir du matériel militaire à la Libye pour empêcher les navires chargés d'immigrés de prendre la mer. Les premières livraisons sont prévues pour les premiers jours de novembre. Par ailleurs, un contingent de 150 policiers et soldats italiens devrait débarquer prochainement en Libye pour former la police locale.

Enfin, Rome s'apprête à installer des centres de rétention en Libye. L'Italie préférerait que cette initiative soit chapeautée par l'UE. Quoi qu'il en soit, selon la presse italienne, pas moins de six mille éléments (tentes, toilettes chimiques, etc.) devraient être rapidement acheminés de l'autre côté de la Méditerranée pour mettre sur pied ces centres dans lesquels, a indiqué Giuseppe Pisanu, «la souveraineté libyenne sera scrupuleusement respectée».


    

 

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